"Si le numérique est à l’humanité actuelle ce que le feu était à nos ancêtres, alors nous devons absolument prendre conscience que nous sommes en train de nous brûler !"
Frédéric Bordage in "La sobriété numérique - Les clés pour agir"- (Editions Buchet-Chastel - septembre 2019)
En quelques décennies, Internet est devenu essentiel à la majorité de l'humanité ; son nombre d'utilisatrices et d'utilisateurs est aujourd'hui supérieur à 5 milliards.
Internet et le numérique ("le digital") sont une chance pour l'évolution de la société humaine mais ils sont aussi les agents de nombreux effets négatifs qui pèsent sur celle-ci.
En août 2011, le pionnier du web Marc Andreessen publiait dans le Wall Street Journal un article dont le titre est resté célèbre : "Pourquoi le logiciel dévore le monde". Accompagnée de la forte croyance du dépassement permanent des limites, cette prédation produit des conséquences qui sont de plus en plus importantes.
Le numérique remplace une matérialité par une autre : celles des centres serveurs, des réseaux, des ordinateurs, des écrans, des smartphones et des dispositifs. Cette nouvelle matérialité, qui s'appuie sur l’électricité, présente un coût environnemental qui participe au dérèglement climatique et à l’épuisement des ressources terrestres.
La circulation des informations et des échanges sociaux amplifiée par les flux numériques a aussi de nombreux effets négatifs : infobésité, diminution de l'attention, accoutumance aux effets de la dopamine, fortes visibilités des fausses informations, tensions exacerbées, stress, manque de sommeil...
En connaissance de cause, devons-nous continuer de participer à l'accélération technologique sans tenir compte des effets négatifs qui s'accumulent ? Ou nous faut-il plutôt ralentir pour bifurquer ? Mais vers où bifurquer pour nous engager dans des modèles souhaitables de sociétés ?
Le numérique est encore trop souvent vu comme un grand tout qui irait inévitablement dans une seule direction. Cette vision bloque la possibilité de choisir d'autres routes. Passer du singulier au pluriel change déjà notre façon de voir.
En 2021, j’ai été cordialement invité par Ewa Maczek, directrice adjointe de l'OCIM (Centre national d'idéation "Musées + Patrimoine + CSTI"), à donner mon “point de vue” dans un article intitulé “Ouvrir d’autres numériques“. Mes objectifs lors de l’écriture de celui-ci étaient de questionner la place des numériques dans les institutions muséales et d’ouvrir de nouvelles perspectives (La lettre de l’Ocim n°194 - mars-avril 2021 - p54 > p56).
Extraits :
La publication de l'article dans La lettre de l’Ocim est un des résultats d'une démarche que j'ai entreprise il y a plusieurs années : les bifurcations dans certains "chemins de traverse" à la recherche d'autres numériques.
Dans ces explorations, je m'intéresse particulièrement :
Je diffuse une partie de cette veille dans Muzeodrome.
"Que la technologie elle-même détermine ce qui doit être fait par un processus d’extrapolation et que les individus soient impuissants à intervenir dans cette détermination est précisément le genre de rêve auto-réalisateur dont nous devons nous réveiller."
Joseph Weizenbaum in "On the Impact of the Computer on Society" -1972- (Science, New Series, 176/4035)
L'objectif de mes recherches est d'identifier les apports des autres numériques pour ensuite s'en inspirer pour inventer du concret propre à chaque organisation culturelle qui me consulte (idées, accompagnements de projets, stratégies numériques).
Si vous êtes sensible à ma démarche et que vous partagez cet engagement, parlons ensemble de vos actions à mener pour aller plus loin… ↓